La gratuité des transports publics coûterait plus de 55 M€

Certains candidats aux municipales évoquent dans leur programme la gratuité des transports publics

15 juin 2020
Un coût important pour la collectivité "Un coût important pour la collectivité"
Certains candidats aux municipales évoquent dans leur programme la gratuité des transports publics. Cette politique très généreuse a un coût : 140M€ d'investissements nécessaires pour faire face à l'augmentation de la fréquentation des réseaux, auxquelles s'ajoutent la compensation des recettes, soit plus de 55M€ par an.

Par Lilian REILHAC

L’idée de la gratuité des transports en commun à La Réunion est apparue à La Région lors de la crise des gilets jaunes en décembre 2018. Face à la colère des manifestants qui dénonçaient des difficultés financières à joindre les deux bouts face à « la vie chère », le président Didier Robert avait alors mis sur la table cette hypothèse. Dix huit mois plus tard, par le biais du Syndicat mixte des transports de La Réunion (SMTR) le cabinet Satis Conseil a la semaine dernière remis aux élus ses conclusions sur l’étude pour l’harmonisation et la coordination des gammes tarifaires des réseaux de transports publics de La Réunion. Cette analyse a également porté sur les incidences de l’opportunité de mise en place de la gratuité sur l’ensemble des réseaux de l’île.

Actuellement seule la carte Réuni’Pass mise en place par le Conseil Départemental en 2015 permet aux séniors de plus de 65 ans de voyager gratuitement sur l’ensemble des réseaux et offre aux étudiants un tarif préférentiel de 50€ par an. Aujourd’hui la Réuni’Pass totalise 41 000 utilisateurs, effectuant 1,5 millions de voyages pour une recette de 747 000 € par an. 

Si les collectivités adoptent un jour une politique très généreuse en offrant la gratuité du transport public à tous, il est évident que cela entraînerait des incidences économiques sur l’organisation et le fonctionnement des réseaux de transport.

Le cabinet Satis Conseil s’est appuyé sur le retour d’expérience d’autres collectivités de métropole, notamment à Châteauroux, Dunkerque et Niort, pour quantifier les incidences d’une telle mesure.

Si effectivement la gratuité constitue des atouts potentiels non négligeables, à savoir : un effet « marketing » permettant de doubler la fréquentation actuelle (160 000 voyageurs / jour) et un meilleur accès à la mobilité pour les plus précaires. En revanche, le coût annuel de la gratuité s’élèverait à plus de 55M€ au titre de compensation de recettes, tous réseaux confondus. Aujourd’hui, la prise en charge de cette compensation par les collectivités pour leur réseau de transport représente 110M€. Au total la gratuité coûterait au contribuable 165M€ par an, soit 194€ par habitant. A cela s’ajoute le doublement des investissements nécessaires avec l’augmentation mécanique de la fréquentation, soit l’équivalent de 140M€ supplémentaires. Ce qui faisant dire à un élu du SMTR, « rien n’est gratuit, ce que les usagers ne paieront pas pour voyager dans le bus, ils le paieront sur leurs impôts ». 

Dans son étude, le cabinet Satis Conseil relève également de grosses incertitudes, particulièrement le risque de dégradation de la qualité du service et les retours d’expérience mitigés sur le report des usagers de la voiture individuelle vers les transports publics. 

Les experts préconisent plutôt une amélioration des grilles tarifaires actuelles des réseaux de La Réunion : lisibilité tarifaire, post-paiement, mais aussi une tarification dite solidaire. Des mesures que les opérateurs de réseaux de l’île ont déjà entrepris depuis ces deux dernières années avec le titre sans contact, les eboutique en ligne, et des abonnements adaptés à l’usage des transports publics.

RESTEZ INFORMÉS, ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !