Une opportunité pour obtenir la dotation ferroviaire

Le 12 avril dernier, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, avait demandé au gouvernement un plan de financement avec des ressources pérennes et « une loi de programmation pluriannuelle » pour garantir le plan de 100 milliards d’euros promis par Emmanuel Macron et Elisabeth Borne. « Il faut faire appel à toutes les sources de financement accessibles. Je pense notamment à l’aérien, aux poids lourds et aux autoroutes… » L’appel du patron de la SNCF a été entendu, puisque, lundi dernier, le ministre des transports, Clément Beaune a acté le principe de taxer le transport aérien pour financer le ferroviaire, quitte à ce que l’avion coûte plus cher. Aujourd’hui, tout un panel de taxes pèse sur les billets d’avion : à la TVA, s’ajoutent la taxe de l’aviation civile pour financer la  DGAC (Direction générale de l’avion civile), la taxe de sûreté et de sécurité ainsi que la péréquation aéroportuaire, la taxe sur les nuisances sonores aériennes, la taxe de solidarité, les redevances de navigation pour rétribuer le contrôle aérien. Le poids de ces taxes représente pratiquement 40% du prix du billet d’avion. Ainsi, la compagnie nationale Air France a versé en 2022 à l’Etat près de 3 milliards d’euros de taxes au titre de ces taxes et redevances sur un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros. Reste à savoir si les passagers peuvent supporter cette nouvelle taxe dont les contours seront dévoilés lors de l’examen du projet de loi de finances prévu fin septembre. Il faut s’attendre à ce que les compagnies aériennes répercutent les nouvelles taxations sur le prix du billet d’avion dont l’inflation entre La Réunion et l’hexagone n’arrête pas de progresser.

La Réunion exclue des 100 milliards d’euros

La demande de Jean-Pierre Farandou est d’autant plus insistante que les 100 milliards d’euros  annoncés par le gouvernement ont déjà été, en grande majorité, répartis auprès des douze Régions de l’hexagone pour la modernisation de leur réseau de trains régionaux et RER, par le Comité d’orientation des infrastructures. L’outre-Mer, malgré la demande de la Présidente du Conseil Régional, a été exclu, estimant que La Réunion ne disposait pas de réseau ferré. Ce qui n’a pas empêché Huguette BELLO de légitimement mettre sur la table la fameuse dotation ferroviaire que bénéficient les Régions de hexagone et qu’avait, à l’époque réclamé Paul Vergés pour financer le tram train (voir dans notre prochaine édition de Mobil’Idée). 

Aujourd’hui, en annonçant une taxation supplémentaire sur les billets d’avion pour financer le développement des réseaux ferroviaires, le gouvernement devra s’attendre à voir les élus de La Réunion se mobiliser pour revendiquer la dotation ferroviaire indispensable pour financer le futur train régional porté par La Région. « Faire payer les Réunionnais les réseaux ferroviaires de l’hexagone, alors que nous en avons certainement le plus besoin pour offrir à la population réunionnaise une véritable alternative à la voiture, serait inacceptable », soutien Fabrice Hoarau, président de la commission transport à La Région. 

Pour l’heure, la collectivité régionale attend d’en savoir plus sur cette taxe supplémentaire lors de l’examen de la prochaine loi de finance : son impact sur le pouvoir d’achat des Réunionnais déjà durement éprouvé, et de la part qui sera affectée aux régions d’outre-mer pour développer le réseau ferroviaire local. A la pyramide inversée du Moufia, on indique qu’Huguette BELLO est bien déterminée à faire valoir le respect du principe de l’égalité de traitement entre les collectivités territoriales. Un message qu’elle fera sans doute part au nouveau ministre des Outre-Mer, Philippe Vigier lors de sa visite à La Réunion la semaine prochaine.

LR