Les nouveaux autocars font leur transition

Bilan du Busworld 2023 de Bruxelles

22 octobre 2023
BYD s'est imposé à Bruxelles "BYD s'est imposé à Bruxelles"
BYD s'est imposé à Bruxelles
Bilan salon Biusworld 2023
Si l'autocar n'a pas tenu la vedette de l'édition 2023 du salon Busworld Europe, qui se déroulait à Bruxelles du 7 au 12 octobre dernier, la plupart des marques présentes misant sur le marché aujourd'hui visiblement plus porteur des autobus, ce type de véhicule était toutefois loin d'être absent des halls d'exposition, avec quelques nouvelles pépites et plusieurs nouveauté dignes d'un arrêt sur image pour les collectivités et opérateurs désireux de compléter leurs parcs, dans une logique de transition énergétique, évidemment.

En tout bien tout honneur, c’est Van Hool, le régional de l’étape, avec lequel nous allons ouvrir le bal, d’autant que sur son stand, un des plus grands du salon, l’industriel présentait sa nouvelle gamme d’autocars T. La caractéristique la plus frappante du Van Hool T est son pare-brise particulièrement bombé. Il est équipé de série de rétroviseurs latéraux redessinés, avec les caméras MirrorCams disponibles en option, tandis que le poste de conduite bénéficie aussi d’une refonte totale. Le compartiment passagers dispose d’une nouvelle génération de sièges, à la fois plus légers et plus confortables avec toute une gamme d’options et un gain de 5 à 6 kg par siège. Van Hool présente également l’ensemble de ses nouveaux équipements de sécurité, conçu avec Mobileye, qui propose de programme complet dit Shield+.

Dans une première phase, le Van Hool T se déclinera dans les modèles Van Hool T Alicron (12-13 m), T Acron (10-14 m) et T Astron (13-14 m).  C’est Paccar-Daf qui fournit les motorisations de la génération Euro6 NG (11 & 13 l.), avec une gamme de puissance allant de 270 kW/367 cv à 390 kW/530 cv. Enfin, Van Hool T propose un choix de boîtes de vitesses automatisées (ZF TraXon) et de boîtes de vitesses automatiques (ZF EcoLife et Allison).  

Dans le même hall cohabitait Daimler, avec ses deux marques Mercedes-Benz et Setra. Logiquement, dans ce chapitre, on commencera par le second, reconnu comme spécialiste de l’autocar, et qui a beaucoup souffert des dernières années des vaches maigres covidiennes. Setra présentait donc pour l’occasion les nouvelles versions des séries ConfortClass et TopClass, qui ont bénéficié, entre autres d’un facelifting. Le visiteur pouvait ainsi découvrir six modèles, ComfortClass HD, trois autocars de tourisme de luxe TopClass HDH et l'autocar de tourisme à deux étages S 531 DT. Setra a voulu faire étalage de son savoir-faire à travers les nombreuses options d'équipement spécial disponibles : porte arrière au lieu de l'entrée centrale pour Modèles HD avec agencement de l'habitacle correspondant, toit en verre TopSky Panorama, sièges triples avec plancher plat, une variété de selleries en tissu et en cuir, etc. La gamme de modèles ComfortClass HD s'étend du modèle compact de 10,5 mètres de long, au S 511 HD au S 519 HD, d'une longueur de près de 15 mètres. 

Les Setra TopClass étaient aussi présents, du compact S 515 HDH au S 517 HDH, de 12,5 à 14,2 mètres de longueur. Tous ces modèles sont équipés du moteur six cylindres en ligne Mercedes-Benz OM 470 d'une cylindrée de 10,7 litres en trois puissances allant de 290 kW (394 ch) à 335 kW (456 ch) et l'OM 471 (cylindrée de 12,8 litres) avec 350 kW (476 ch) et 375 kW (510 ch). Enfin, Setra mettant en avant son nouvel autocar interurbain MultiClass LE. Le Setra S 518 LE à trois essieux était ainsi présenté pour la première fois dans le cadre du salon. La gamme Setra MultiClass LE comprend des modèles interurbains d'une longueur comprise entre 10,51 et 14,52 mm et dotés de deux et trois essieux. 

Chez Mercedes-Benz, on présentait l’interurbain Intouro et le Tourismo dans des versions améliorées. La plate-forme électrique/électronique de l'Intouro a ainsi été entièrement revue. Outre un ensemble de systèmes de sécurité complet, la gamme dispose du régulateur de vitesse adaptatif (ART), du système de surveillance de la pression des pneus (TPM) du système d'assistance à l'attention Attention Assist (AtAs), ainsi qu'une interface pour l'utilisation d'éthylotests pour le poste de conduite, ont été adoptés en équipement standard. Sous le capot, l’Intouro est doté du moteur Mercedes-Benz six cylindres développant de 299 à 394 ch.

Le Tourismo, disponible en 12,30 et 13,90 m de longueur, bénéficie des mêmes avancées en matière de sécurité et d’assistance à la conduite, l’idée étant, comme pour tous les autres constructeurs, de se mettre en conformité avec le règlement européen General Safety Regulation (GSR), deuxième du nom à venir… 

Autre poids-lourds germanique, MAN proposait en vedette son nouveau véhicule à trois essieux Lion’s Intercity LE 14 qui dispose de 63 places assises et une capacité maximale totale de transport de 127 passagers. Deux postes de conduite sont proposés : la version classique et modernisée issus du Lion’s Intercity ou le tableau de bord propre à MAN basé sur les spécifications VDV découlant de la nouvelle génération Lion’s City. Ce véhicule est équipé du moteur à 6 cylindres de 9 litres MAN D1556 LOH repris de la famille des autobus Lion’s City, le Lion’s Intercity LE. Il est disponible en deux versions de 330 ch (243 kW) et 360 ch (265 kW) à un couple maximal respectif de 1 400 et 1 600 Nm. Ces moteurs peuvent fonctionner aussi bien au biogazole qu’avec des huiles végétales hydrotraitées (HVO100) et des carburants de synthèse (XtL) sans nécessiter d’adaptations supplémentaires. Tous sont couplés à la boîte de vitesses automatique à convertisseur à 6 rapports ZF Ecolife 2. À ces caractéristiques s’ajoute un équipement de sécurité complet qui fera ses débuts sur la base d’une nouvelle plateforme électronique dans tous les autocars-autobus MAN pour l’année modèle 2024.

Paralèllement, était présenté la nouvelle version du Neoplan Tourliner. Il sera doté dès 2024, tout comme l’ensemble des autocars du groupe Tatron, d’une nouvelle plateforme électrique et électronique. Cette nouvelle génération de la gamme Tourliner sera déclinée en quatre variantes : 12,1 m avec 53 passagers ; le Tourliner C de 13,4 m pour 57 passagers ; la version à deux essieux du Tourliner C, d’une longueur de 13,1 m pour 59 passagers ; et le Tourliner L de 13,9 m sur trois essieux avec 63 passagers. Le nouveau Tourliner recevra la boîte de vitesses automatisée à 12 rapports MAN TipMatic, le Tourliner année modèle 2024, et pourra bénéficier en option du système EfficientCruise3 assorti du système PredictiveDrive.

Irizar et Irizar e-mobility présentaient deux autocars que l’on pourrait qualifier de « classiques », du moins au niveau de leur motorisation, thermique : l’Irizar i8, et le i6S Efficient, déjà connus, mais exposés pour la première fois. Ils sont tous deux dotés d'une nouvelle génération de châssis intégral Irizar, plus légers, annoncés comme plus confortables par la marque, qui précise ainsi pouvoir générer une réduction de la consommation de carburant de l’ordre de 5%. Le constructeur évoque même, pour l’i6S Efficient une réduction de la consommation de carburant et des émissions allant jusqu'à 13%, une réduction de poids allant jusqu'à 950 kg et une amélioration de 30% du coefficient aérodynamique. Ce modèle est actuellement disponible en version diesel, biodiesel, gaz naturel et biogaz. L'Irizar i8, symbole de la marque, et qui se veut une référence en matière de confort, de design et d'innovation, intégrera prochainement toutes les améliorations de la gamme Efficient. 

Anadolu Isuzu, distribué en France par FCC, exposait son autocar Kendo 13 CNG. Un véhicule motorisé avec un Cummins L9NE6E320 couplé à une boîte ZF Ecolife 6 AP 1400 et donné avec 63 sièges. Il est bien entendu compatible bio-gaz, transition écologique oblige, et a d’ailleurs reçu le Sustainable Bus Award 2022 dans la catégorie Interurbain.

Otokar avait fait le choix d’exposer à l’extérieur du salon son autocar Territo U destiné au transport scolaire. Cet autocar de 12 m est équipé d’une motorisation diesel Cummins ISBE 6.7-320 CV Euro 6 développant 230 ch. Cette motorisation est compatible avec les carburants HVO et XTL. Il peut accueillir de 57 à 64 passagers.

Quand l’autocar fait sa mue électrique

Si l’autocar n’était pas omniprésent au fil des allées du salon, la majorité des véhicules offerts au regard des visiteurs étaient pour beaucoup équipés d’une propulsion électrique alimentée par batteries.

A Bruxelles, Iveco Bus présentait par exemple sur son stand le nouveau Crossway Low Entry Elec, cette fois en version 13 m de long. Cet autocar 100% électrique intègre la dernière génération de batterie FPT Industrial à haute densité énergétique (disponible également sur les autres modèles électriques de la marque). Le constructeur propose pour ce véhicule une modularité maximale sur la base d’un choix du nombre de batteries. Il est disponible en classe I en versions 12 et 13 m pour un usage urbain, et en classe II pour les missions interurbaines. Il est proposé avec une capacité de 44 sièges pour la version 12 m et 48 sièges pour la version 13 m. Par ailleurs, Iveco Bus met en avant sa structure, dérivée de la version GNC, ce qui maintient un centre de gravité bas et une maniabilité comparables aux versions thermiques. Il est équipé d’un moteur électrique central d’une puissance de 310 kW pour un couple maximal de 3000 Nm. Les batteries sont réparties sur le pavillon et dans le compartiment arrière, les packs de 5, 6 ou 7 batteries offrent respectivement 346, 416 et 485 kWh pour la version classe I, et 416 et 485 kWh pour la version classe II, elles sont rechargées au moyen d’une prise individuelle Combo CCS2. Le Crossway LE ELEC dispose également en option la recharge par pantographe ascendant ou descendant, le tout pour une autonomie affichée d’environ 400 km. 

Temsa a présenté son autocar interurbain électrique, le LD SB E, pour l’occasion en 13 m de longueur, même si une version 12 m sera aussi à terme disponible. Intégrées dans le châssis du véhicule, les packs de batteries de traction Lithium-ion NMC (développées par Temsa) sont disponibles en trois formats de puissance : 210, 280 ou 350 kWh. Elles sont couplées à un moteur électrique TM4 développant 250 kW. Ces trois packs lui donne, selon le constructeur, des autonomies de 200, 280 ou 350 km. Le modèle exposé disposait de 57 sièges passagers et, important pour un autocar interurbain, d’une soute variant de 4,5 à 5,5 m3.

Otokar présentait lui aussi son autocar électrique, en la personne d’un e-Territo disponible avec jusqu’à 450 kWh de batteries de traction. Ce véhicule, qui est doté d'un moteur électrique Voith, peut transporter jusqu'à 63 passagers. Parallèlement, le constructeur turc propose désormais une gamme de chargeurs disponible en deux puissances de charge : 150 kW et 40 kW.

La Chine à l’offensive

C’est Yutong qui a clairement créé la surprise à Busworld cette année en matière d’autocar électrique, notamment par l’ampleur de son stand, mais pas seulement. Son modèle T12E est désormais bien connu et remporte un certain succès dans l’Hexagone pour certains services interurbains ou occasionnels, il a marqué les esprits des visiteurs du salon en présentant un modèle T15E dédié lui au tourisme. Ce ne sont pas ses 15 m de longueur, sa configuration HD, ni même ses 600 km d’autonomie annoncées qui ont le plus impressionné, mais bien plutôt les lignes épurées du modèle, la qualité de finition globale et un poste de conduite directement inspiré de l’automobile électrique qui ont marqué l’esprit des visiteurs. Le T15E est donné avec une capacité de 61 passagers, et une soute de 8,5 m3 (ce qui paraît relativement modeste) et deux capacités de batteries : 630 ou 563 kWh. Yutong est clairement entré dans une phase offensive sur le marché européen, et français en particulier (avec notamment la nomination récente d’un directeur commercial en la personne de François Christmann), et il dispose là d’un fer de lance sur lequel il sera nécessaire de revenir, surtout dans sa version 12 m, qui était à découvrir sur le parvis extérieur du salon. 

Autre poids lourds chinois largement représenté à Busworld, BYD a aussi fait son show, mais plutôt au niveau du marché des autobus. Trônait toutefois en majesté un autocar double étage électrique, le BYD-UNVI DD13, aux couleurs du réseau ZOU ! de la région PACA. Carrossé par l’espagnol UNVI sur un châssis BYD de 13 m à trois essieux, ce véhicule dispose d’un ensemble de batteries (484 kWh) installé dans la partie arrière et est donné avec une autonomie de 350 km. Il sera exploité par Keolis Alpes-Maritimes sur la ligne Nice-Sophia-Antipolis. Preuve qu’après un premier échec d’implantation en France, le géant BYD, désormais incontournable dans l’automobile électrique, n’a pas renoncé à son implantation sur ce marché.

Dernier constructeur chinois qui marque depuis quelques mois sa volonté de s’implanter sur le marché européen, et français en particulier, Zhongtong Bus (qui a ouvert une filiale en Allemagne en septembre et un site internet en français en juillet dernier) a annoncé le lancement d’un autocar électrique interurbain de 12 m en 2024, suivi d’un modèle dédié au tourisme. Pour l’instant, Zhongtong Bus reste cependant encore en recherche de partenaires européens pour sa distribution.

L’autocar se convertit aussi à l’hydrogène

Chez le constructeur basque Irizar, la vedette était sans conteste le prototype du i6S Efficient Hydrogène. Ce premier autocar à hydrogène, encore en phase d’essai, a été développé exclusivement par Irizar, en collaboration avec les entreprises et les centres technologiques concernés. L’Irizar i6S Efficient Hydrogène est annoncé avec une autonomie de 1000 km et un temps de recharge minimum d’environ 20 mn. En outre, il a la capacité de fonctionner en mode 100% électrique à des moments précis, si nécessaire. Prudent, le constructeur annonce que la future gamme de véhicules à hydrogène, qui comprend actuellement les modèles Irizar i6S Efficient et Irizar i4, « présentera des améliorations substantielles par rapport à la première version présentée à Busworld, notamment une plus grande capacité de coffre et de passagers, une plus grande autonomie et un poids inférieur ». L’industriel précise aussi que les batteries accompagneront le véhicule tout au long de sa vie utile, et que la pile à combustible nécessitera un entretien, sans remplacement de composants, après environ 30 000 heures de fonctionnement.

Temsa a aussi présenté un prototype d’autocar à hydrogène dont les travaux ont débuté le mois dernier suite à la signature d’un accord de développement conjoint avec CaetanoBus et Toyota. Construit sur la base de la plateforme Temsa HD, l’autocar en question devrait couvrir une distance d’environ 1 000 kilomètres avec un seul réservoir, en fonction des différentes conditions routières et géographiques. La production pour ce véhicule débutera d’ici à 2025.

Pierre Cossard

 

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