Les anges gardiens des transports scolaires à la Réunion

1200€ par élève par an

09 juin 2020
Ils voient évoluer la vie des élèves "Ils voient évoluer la vie des élèves"
Alors qu'en métropole la loi NOTRe a transféré la compétence transports scolaires aux Régions, à La Réunion, cette compétence est portée par les communautés d'agglomérations sur leur périmètre (CINOR, CIVIS, CASUD, CIREST, TCO) qui couvre toute l'île. Le Conseil Départemental a quand à elle gardé la compétence des transports d'élèves en situation de handicap, au titre de ses compétences sociales. En revanche, La Région finance via les communautés d'agglomérations le transport des élèves extra muros, c'est à dire qui se déplacent d'une agglo à une autre pour des spécialités (lycées hôtelier de Plateau Cailloux, lycée agricole). Les transports scolaires sont un service de transport public conçu et organisé par les communautés d'agglomérations locales et confiée aux entreprises de transports pour répondre aux besoins du plus grand nombre. Le coût de revient du transport scolaire est estimé à 1 200€ par élève par an. Ne pouvant supporter seule une telle charge compte tenu de leurs difficultés budgétaires, certaines collectivités locales sollicitent la participation des parents à hauteur de 20%, soit une moyenne de 240€ par enfant et par an. Les élèves doivent être domiciliés à au moins 3 km de l'établissement scolaire où ils sont inscrits et les points d'arrêts de bus à plus de 500m du domicile.

par Lilian Reilhac

Chaque jour, ce sont 700 bus qui transportent plus de 100 000 élèves dans toute l’île.

Alors qu’en métropole la loi NOTRe a transféré la compétence transports scolaires aux Régions, à La Réunion, cette compétence est portée par les communautés d’agglomérations sur leur périmètre (CINOR, CIVIS, CASUD, CIREST, TCO) qui couvre toute l’île. Le Conseil Départemental a quand à elle gardé la compétence des transports d’élèves en situation de handicap, au titre de ses compétences sociales. En revanche, La Région finance via les communautés d’agglomérations le transport des élèves extra muros, c’est à dire qui se déplacent d’une agglo à une autre pour des spécialités (lycées hôtelier de Plateau Cailloux, lycée agricole). 

Les transports scolaires sont un service de transport public conçu et organisé par les communautés d’agglomérations locales et confiée aux entreprises de transports pour répondre aux besoins du plus grand nombre. Le coût de revient du transport scolaire est estimé à 1 200€ par élève par an. Ne pouvant supporter seule une telle charge compte tenu de leurs difficultés budgétaires, certaines collectivités locales sollicitent la participation des parents à hauteur de 20%, soit une moyenne de 240€ par enfant et par an. Les élèves doivent être domiciliés à au moins 3 km de l’établissement scolaire où ils sont inscrits et les points d’arrêts  de bus à plus de 500m du domicile.

Les accompagnateurs transports scolaires (ATS)

Dans les transports scolaires, aucun accompagnateur n’est réglementairement imposé, mais seulement préconisé notamment quand il s’agit de jeunes usagers (circulaire interministérielle n° 94-071 du 23 mars 1995). Cela dit, l’ensemble des Autorités organisatrices de mobilité préfèrent, dans un souci de responsabilité vis à vis des parents, mettre en place des accompagnateurs assermentés sur leur réseau de transport scolaire. Ces accompagnateurs sont présents dans les véhicules avec les élèves.

Les contrôleurs  transports scolaires (CTS)

Ces agents opèrent dans et à l’extérieur les cars. En plus de leur mission de contrôle, les contrôleurs transports scolaires jouent un rôle non négligeable pour éviter que des conflits ne dégénèrent entre élèves ou parents à bout de nerfs. Ils veillent au respect des réglementations et des consignes de sécurité et vérifie le bon respect des horaires. En cas d’infraction, ou de non présentation de titre d’abonnement par les élèves, les contrôleurs sont assermentés pour dresser des procès-verbaux. Mais, bien souvent, il leur arrive de faire le médiateur et de désamorcer des situations toujours sensibles dans un milieu confiné où l’entassement est parfois difficile à supporter, notamment aux sorties de classes.

Rencontre avec les contrôleurs transports scolaires de l’Ouest

« Il faut accepter la colère des autres ! »

Ils sont cinq au service transports scolaires du TCO. Leur quotidien démarre dés 3h du matin sur le terrain afin de s’assurer que les bus affectés aux transports des élèves soient au rendez-vous. Au delà de leur mission de contrôle des titres de transports ou d’abonnement, ces agents participent également à la mise en place des circuits, à la création de nouvelles lignes avec l’autorité organisatrice de mobilité. Ils sont également la courroie de transmission entre la collectivité, les entreprises de travaux publics et les parents. « Ce sont surtout pendant la saison cyclonique où nous restons mobilisés sur le terrain avec la direction des routes afin d’informer le Tco si les transports scolaires peuvent être assurés dans de bonnes conditions et surtout en toute sécurité pour les élèves ou pas », explique David Perianmodely.  Le périmètre d’intervention des cinq agents s’étend de La Marine Vincendo à Saint-Joseph jusqu’à Saint-Benoît où des élèves résidant dans l’Ouest fréquentent d’autres établissements liés à leur formation. 

Patrick Virama Coutaye dit « Cargo »

On l’appelle affectueusement « Cargo » du fait qu’il est une véritable force de la nature. Originaire de la Saline les Hauts, Patrick Virama était jusqu’en 2003 agent de sécurité avant d’intégrer la Semto en qualité d’agent de médiation. En 2007, il évolue au poste de contrôleur de route et trois ans plus tard contrôleur assermenté. « C’est un métier qui n’est pas à la portée de tout le monde, car nous avons affaire à un public difficile. Les élèves sont souvent des insouciants. Il faut être prudents, choisir les bons mots et surtout leur apporter beaucoup d’explications. Il y a aussi les parents qu’on doit gérer. Lorsqu’un bus n’est pas passé, qu’il y a une bagarre entre jeunes dans le bus, un mauvais koseman, la situation peut dégénérée. Il faut alors laisser la tension baisser. Nous devons accepter la colère des autres ». 

David Perianmodely

Ce passionné de football a été « agent d’ambiance », puis « agent de relais » à la Semittel en 2005 avant de rejoindre la Semto en 2007 en qualité de « coordonnateur scolaire ». David Perianmodely s’est au fil des années spécialisé dans la gestion de conflit entre élèves ou les parents. Depuis 2018, avec la perte du marché d’accompagnement scolaire par la Semto, David est devenu « référent scolaire ». En effet, la Direction de la Semto a tenu à garder en son giron ses compétences et ses précieuses connaissances du terrain. « Elèves, parents, les forces de l’ordre, mairies, tous ont notre numéro de téléphone. Dès qu’il y a un problème on nous appelle. Le plus difficile pour nous contrôleurs, c’est de faire face à des situations sociales très compliquées, notamment lorsque les familles ne peuvent payer le transports scolaire de leurs gamins. Nous les accompagnons pour trouver des solutions auprès des CCAS des communes. Nous nous substituons parfois à des assistants sociaux. Chaque jour, on ne fait que gérer l’humain ».

William Hadamaf

De l’équipe des contrôleurs de la Semto, c’est sans doute le plus réservé, mais tout aussi apprécié par les élèves. « Parfois, il nous fait rire », soutient discrètement l’un d’eux. William était avant tout charpentier dans une autre vie professionnelle puis « vérificateur » en 2003 avant d’être contrôleur transports scolaires. Le territoire de la côte Ouest, il le connaît par cœur. Pas un établissement, pas une rue, pas un chemin quel qu’il soit ne lui échappe. « Avec le temps, on fini par connaître tout le monde. Nous voyons les enfants au primaire, puis au collège, au lycée et soudain on les voit père ou mère de famille. Et c’est là qu’on se dit qu’on a dû sûrement oublier de vieillir et que le temps est passé très vite. C’est un métier où il faut être disponible à tout moment. Nos journées commencent à 3h du matin pour terminer à 19h, 20h. On se demande si nous passons pas plus de temps avec les élèves, les parents, qu’avec nos familles ».

Benoît Barder

Conducteur de bus de lignes régulières, puis conducteur de transports scolaires, Benoît Barder a même été instructeur d’autoécole au sein de la Semto pour former des jeunes chauffeurs de bus. Avec 34 années de service au compteur, il est le doyen de l’équipe de contrôleurs transports scolaires. « J’ai connu douze directeurs, et j’ai toujours su partager avec eux ma passion pour ce métier de contrôleur. Un métier où il faut une maîtrise de soi tous les jours. L’essentiel c’est d’être à l’écoute et répondre aux sollicitations. Bien souvent on gère l’urgence. Pour les jeunes, leur portable c’est indispensable à leur vie, c’est devenu quasiment le prolongement de leur corps. Lorsqu’il y en a un qui a oublié son smartphone à l’intérieur du bus, c’est la panique… On fait alors le nécessaire auprès du conducteur pour le retrouver. Et contrairement à ce que l’on peut penser, on retrouve souvent l’objet ». 

Mickaël Gardenat

C’est en quelque sorte le cadet de l’équipe. Il était coordonnateur avant d’intégrer l’équipe des contrôleurs transports scolaires en 2018. « En plus de notre mission principale de contrôleur, nous intervenons également à la demande de la direction lors des événementiels tels que le Grand Boucan à Saint-Gilles ou le Leufestival à Saint-Leu en qualité de régulateurs. Nous nous assurons que les festivaliers ont leur bus pour assister à la manifestation et rejoindre ensuite leur domicile en toute sécurité. C’est ainsi que nous participons aux réunions de la Commission d’hygiène et de sécurité. C’est avant tout un métier relationnel où l’on rencontre des situations humaines de toute sorte. Notre satisfaction c’est lorsque les élèves, les parents et la collectivité sont satisfaits. Je ne me vois pas faire autre chose ». 

  

 

 

 

 

 

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