Eric LEUNG Président de la CPME : " Nous demandons aux entreprises de mettre en place la prime mobilité " !

" Nous demandons aux entreprises de mettre en place la prime mobilité " !

03 juin 2020
Président de la CPME "Président de la CPME"
Pas besoin d'avoir un diplôme en économie pour deviner les effets négatifs des embouteillages. Ils font grimper les frais de carburant, ralentissent les livraisons et allongent le temps de parcours domicile-lieu de travail, ce qui, en plus, ajoute une dose de stress à notre quotidien. Les chefs d'entreprise réunionnais en sont conscients, à tel point que certains refusent carrément des commandes loin de leur champ d'intervention. Une problématique récurrente pour le Président de la CPME (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises), Eric Leung qui estime que nous avons atteint le seuil limite d'une société mobile.

Par Lilian Reilhac

Le président de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises de La Réunion ne cache pas sa préoccupation de l’impact des difficultés de déplacements sur l’activité économique locale. Et pour cause, on estime pour les entreprises à plusieurs millions d’euros les pertes au temps passé dans les embouteillages. Profitant de ces élections municipales et communautaires, Eric LEUNG a interpellé les candidats à cet épineux problème de mobilité sur l’île.

Pourquoi la mobilité est-elle devenue un enjeu majeur à La Réunion ?

D’abord, parce que le transport est désormais le premier poste de dépense des ménages avant le logement et la nourriture. Ensuite, sur le plan économique, la mobilité des salariés, des transports de voyageurs, des marchandises est devenue compliquée. Cette situation est de plus en plus ingérable pour les entreprises. Le temps passé dans les embouteillages, c’est de l’énergie perdue pour tout le monde. A cela s’ajoute le stress de ne pas arriver à l’heure sur son lieu de travail, de ne pas être à l’heure à son rendez-vous d’affaire, de son entretien d’embauche, de sa formation…

Pourtant des efforts ont été entrepris pour améliorer le réseau routier et développer les transports en commun…

Bien sûr ! La question qu’il faut se poser : est-ce que les Réunionnais aiment se déplacer ou sont-ils obligés de se déplacer ? Une chose est sûre, à la lecture du nombre de véhicules vendus chaque année, 30 000 voitures, il semblerait que tout le monde est obligé d’acheter un véhicule pour ses déplacements. Et pour cause, l’offre de transport ne correspond pas aux besoins des Réunionnais. Face à ce constat, nous sommes en droit de nous demander si effectivement, le modèle actuel d’organisation des transports est le bon. Sommes nous sur le bon chemin ? Pour l’heure, les réseaux de transports en commun ne sont pas encore aboutis. Souvent on reproche aux commerces leur fermeture précoce alors que les gens qui travaillent aimeraient bien flâner dans les magasins. Mais c’est tout simplement parce que les employés n’ont pas d’offre de transport après 19h, 20h.

Le gouvernement a fait adopter la Loi d’Orientation Mobilité (LOM) en décembre 2019 et entrée en vigueur depuis le 1er janvier. Celle-ci permet désormais aux salariés du secteur privé de bénéficier du forfait mobilité durable, sot 400€/an entièrement exonérée d’impôts et de cotisations sociales. Pensez-vous que les entreprises vont jouer le jeu ?

Je n’ai aucun doute sur le fait que les entreprises locales ont tout intérêt à faciliter les déplacements de ses collaborateurs et ses salariés. Mais, nous serons également vigilants sur l’interprétation qui en est faite de ce nouveau dispositif législatif, qui est une bonne chose. La loi Mobilité de novembre 2019 a notamment pour objectif de supprimer les « zones blanches » de la mobilité, via la mise en place sur l’ensemble du territoire d’une autorité organisatrice de la mobilité en charge de proposer des offres de transport alternatives à la voiture. En clair, la loi laisse le choix aux communes, via leur intercommunalité, de s’emparer de cette compétence, et à défaut les Régions en auront la charge. J’espère simplement qu’on ne fasse pas la même chose que pour le versement transport supporté par les entreprises jusqu’à présent afin de financer le développement des réseaux de transports par le biais des Autorités Organisatrices de Mobilité (Cinor, TCO, Civis, Casud, Cirest). Nos entreprises croulent suffisamment sous la pression fiscale pour une fois de plus rajouter une taxe supplémentaire. Au niveau de la CPME, dés la fin des élections municipales nous ferons rapidement le nécessaire auprès de nos entreprises pour que soit mise en œuvre le forfait mobilité en faveur des salariés.

Justement, à chaque consultation politique, c’est toujours l’occasion d’interpeller les candidats. Avez-vous effectué cette démarche sur la problématique des déplacements ?

Bien évidemment !  Nous avons adressé à tous les candidats un long questionnaire sur plusieurs thématiques. Nous avons consacré le chapitre 5 à la problématique de la mobilité en ces termes :

- Quelle est votre perception de la nouvelle organisation proposée par la loi de novembre 2019 visant à supprimer « les zones blanches » de la mobilité, via la mise en place sur l’ensemble du territoire d’une autorité organisatrice de mobilité ?

- Quel choix envisagez-vous de faire au niveau de l’intercommunalité, si vous être élu maire ?

- Comment envisage-vous la mise en place de cette nouvelle fiscalité et serez-vous vigilants à ce qu’elle ne se traduise pas par une hausse des charges pesant sur l’entreprise ?

Nous devons rester sur nos gardes concernant cette Loi Mobilité. Les chefs d’entreprise estiment qu’il faut davantage optimiser le développement des modes de transport et engager des actions se sensibilisation pour faire évoluer nos comportements pour nos déplacements quotidiens. Je pense que nous avons aujourd’hui atteint nos limites avec l’automobile. Il nous faut aller vers une nouvelle évolution de notre société.  

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