Limiter le nombre de places dans les bus mettrait en danger l'équilibre économique des réseaux

Par Lilian Reilhac

Dans un courrier adressé au représentant de l’Etat, l’ensemble des dirigeants des réseaux a tenu à réagir aux sollicitations de FO relayées également par Nathalie Bassire, députée de la 3éme circonscription de La Réunion. L’organisation représentative des salariés réclame la suspension de la vente de titres de transport à bord des véhicules, l’interdiction de la montée des voyageurs par la porte avant des bus et la réduction de moitié de la capacité des véhicules. Des mesures mises en œuvre lors du déconfinement en 2020 et revendiquées aujourd’hui par Force Ouvrière afin de protéger les conducteurs face à la pandémie du Covid-19 qui sévit actuellement à La Réunion.

Pour les professionnels de transports, le rétablissement de ces mesures sur les réseaux ramènerait à la situation d’après le confinement de mai 2020 avec une forte diminution de la fréquentation et surtout une perte d’environ 80% des recettes. Des recettes pourtant indispensables pour faire face aux charges d’exploitation des réseaux, notamment le paiement des salaires et les mesures sanitaires contraignantes liées à la pandémie.

Dans leur courrier, les dirigeants des réseaux rappellent au préfet « aujourd’hui, nous avons tous retrouvé, tant bien que mal, 85 à 90% de notre clientèle et même plus sur le transport scolaire ».

Dans le cas d’une remise en place des mesures proposées par FO, dans le contexte actuel, « nous serions donc en total incapacité technique et financière de déployer une offre de transport suffisamment capacitaire pour satisfaire la demande si nous devions limiter la jauge des bus », soulignent les opérateurs de réseaux Estival, Citalis, Kar’Ouest, Alternéo et Carsud. 

Depuis la levée du premier confinement, le secteur des transports publics n’est toujours pas parvenu à retrouver le niveau de recettes assurant l’équilibre économique imposé par les contrats de Délégation de service public. « Seule la dynamique de la vente de tickets à bord nous a permis de sortir la tête de l’eau », indique Julien Tenenbaum, directeur général de Transdev Outre Mer. En effet, malgré les innovations, notamment la digitalisation de la vente de tickets, apportées sur l’ensemble des réseaux, les Réunionnais continuent à privilégier l’achat à bord des bus. Aujourd’hui, plus de 25% des tickets se font directement auprès du conducteur. 

A cela s’ajoute l’impact sur la fraude et l’incivilité, observée au mois de mai de l’année dernière lors du déconfinement.

Les opérateurs proposent le maintien de la vente à bord avec « un non rendu de monnaie de manière à éviter des interactions entre les conducteurs et les clients ». Une mesure qui a déjà obtenu une totale adhésion des conducteurs et les voyageurs.

En attendant, les réseaux de transports se sont organisés pour assurer le service public pendant les premières heures du couvre feu qui sera effectif ce vendredi à 18h. D’une manière générale, l’offre de transport n’évolue pas, les horaires restent les mêmes. Passé 18h les voyageurs devront se munir d’autorisation de se déplacer conformément aux dispositions fixées par le préfet. Pour sa part, le réseau interurbain Car Jaune a décidé de mobiliser des véhicules supplémentaires pour permettre aux voyageurs de rentrer chez eux avant le couvre-feu.