Après un précédent exercice 2023/2024 encore marqué par des turbulences financières et opérationnelles, le président du directoire d’Air Austral, Hugues Marchessaux, a tenu ce jeudi une conférence de presse pour présenter les nouvelles orientations de la compagnie réunionnaise. L’objectif de retour à l’équilibre est en passe d’être atteint, malgré une dette toujours élevée.
Six mois après sa prise de fonction à la tête d’une compagnie qu’il décrit comme « en situation difficile, l ’objectif d’un retour à l’équilibre est tenu », a déclaré hier jeudi Hugues Marchessaux, président du directoire d’Air Austral. Malgré un contexte économique et opérationnel complexe, marqué par l’immobilisation de deux avions, les conséquences des aléas climatiques à Mayotte avec Chido et à La Réunion avec Garance, Air Austral termine l’exercice 2024/2025 « à l’équilibre, ou très proche », se réjouit le président du directoire.
Un signal encourageant pour les créanciers, les salariés et les actionnaires de la compagnie réunionnaise, qui avait affiché un résultat net de -79,7 millions d’euros à l’issue de l’exercice précédent. Si le résultat net sera encore négatif cette année, il faut regarder du côté du résultat d’exploitation – véritable marqueur de la santé d’une entreprise – positif d’une dizaine de millions d’euros, selon Hugues Marchessaux. Il était négatif de 40.,6 millions d’euros lors du précédent exercice.
Ce retour à l’équilibre s’appuie aussi sur un chiffre d’affaires en légère progression de 2 %, malgré une perte de 10 millions d’euros liée à la suspension des vols vers Mayotte après le passage de Chido.
Deux leviers ont permis cette stabilisation : la croissance des recettes – portée par une nouvelle stratégie tarifaire dynamique et un meilleur taux de remplissage – et la baisse des coûts, avec la mise en place d’un plan de performance collective ayant conduit à une réduction de la masse salariale sans départs contraints. « Nous avons mis les grandes directions au filtre : faire ou ne pas faire ? », a précisé Hugues Marchessaux, tout en saluant l’attachement des équipes à l’entreprise.
Mais si l’année 2025 est placée sous le signe de l’équilibre, « 2026 doit être celle de la rentabilité ». Pour cela, Air Austral compte poursuivre la rationalisation de ses coûts – carburant, catering, renégociation des contrats – et développer ses revenus annexes (abonnements, salons, options payantes…). Le lancement d’une nouvelle application en mai et la modernisation du salon à Roland-Garros s’inscrivent dans cette dynamique de reconquête. « Nous devons redevenir une entreprise compétitive. Air Austral était encore perçue comme en dehors marché. C’est terminé. »
Plan de redressement
Sur le plan stratégique, quatre axes sont confirmés : le renforcement sur l’axe Paris-Réunion, le maintien de la desserte de Mayotte malgré les contraintes, le développement de la ligne vers Bangkok comme porte d’entrée vers l’Asie et la consolidation du réseau régional. Le tout avec une flotte affaiblie – deux avions sur huit sont toujours immobilisés – et une dette toujours élevée : plus de 100 millions d’euros.
Air Austral demande donc du temps. Un délai que le président a évoqué lors d’un échange avec Emmanuel Macron ce mardi. « Un plan de redressement ne se fait pas en quelques mois. Il faut une bienveillance de l’État », a plaidé Hugues Marchessaux, qui demande une extension du protocole de conciliation – déjà prolongé une première fois jusqu’en juin – au moins jusqu’à la fin de l’année pour permettre à la compagnie de tenir son cap sans voir ses efforts sabordés par des échéances financières intenables. Pour rappel, Air Austral devait rembourser près de 38,4 millions d’euros par an dès le mois de septembre et sur une durée de 4 ans.
Enfin, l’année 2025 marquera un double anniversaire pour l’aérien réunionnais : les 50 ans de la création de Réunion Air Service lancée par Gérard Ethève en 1975, et les 35 ans de la marque Air Austral, adoptée en 1990 après un premier changement de nom en 1987. A cette occasion, un nouveau logo sera lancé par la compagnie : Ansamb’. Une longévité qui place la compagnie parmi les plus anciennes encore en activité dans le paysage aérien français.
Photos Pierre Marchal