La transition énergétique ne se fera pas sans mise en œuvre de moyens de stockage de l’électricité produite par intermittence par le solaire et l’éolien. La question est encore plus sensible sur des territoires comme ceux de La Réunion. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) vient de valider 3 projets qui verront le jour d’ici 2027.
Pour les territoires isolés peut-être un peu plus encore que pour les autres, la question du stockage de l’électricité se pose de manière sensible dans le cadre d’une transition vers des sources d’énergies renouvelables (EnR). La Réunion est l’un de ces territoires que les experts qualifient de zones non interconnectées (ZNI). Alors qu’elle intègre notamment de plus en plus de solaire photovoltaïque dans son mix électrique, elle aura besoin de solutions qui lui permettront de stocker ces productions intermittentes pour assurer l’équilibre de l’offre et de la demande. Des solutions destinées également à limiter les surcoûts de production déjà importants dans toutes les ZNI.
Les besoins de stockage d’électricité de La Réunion seront satisfaits
Ainsi, en mai 2023, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) avait-elle ouvert un guichet de saisine à La Réunion — et en Martinique — afin de recevoir des projets de stockage d’électricité, notamment par batterie. Les besoins étaient alors estimés à 20 mégawatts (MW) en puissance et 40 mégawattheures (MWh) en capacité. Même si l’estimation du besoin à l’horizon 2033 dans un scénario ambitieux de développement des EnR grimpe à 250 MW, la CRE se montre aujourd’hui satisfaite. Malgré les fortes contraintes d’implantation et d’autorisation, son guichet a reçu 19 dossiers pour la seule île de La Réunion. Les experts ont ainsi eu le loisir de sélectionner les 3 projets qui présentaient, à leurs yeux, « le plus de valeur pour le système électrique local ». Pour une puissance totale de 20,5 MW et une capacité de 38 MWh.
Dans la délibération publiée en décembre dernier à ce sujet, la CRE précise que les charges de Service Public de l’Énergie (SPE) associées sur la durée de vie de ces projets — soit 20 ans — s’élèveront à 56 millions d’euros. Une somme. Mais les experts estiment en parallèle que ces projets de stockage permettront d’éviter un surcoût de production d’environ 241 millions d’euros.
Pour bien comprendre, rappelons que dans les zones non interconnectées, la production d’électricité coûte plus cher que dans les régions connectées au réseau continental. Mais le principe de péréquation tarifaire exige que les consommateurs de ces zones paient bien leur électricité au même tarif que ceux de France métropolitaine. Des charges de service public de l’énergie — que paient tous les contribuables français — ont ainsi été mises en place pour absorber la différence. Et l’enjeu de la transition énergétique dans les ZNI est à la fois de décarboner la production d’électricité et d’en réduire les coûts. Les projets de stockage sélectionnés par la CRE sont donc les bienvenus.
Les 3 projets retenus pour La Réunion sont les suivants :
• un stockage de 5 MW — pour une capacité moyenne de 13 MWh — porté par EDF Renouvelables du côté de Sainte-Marie
• un stockage de 9,5 MW — pour une capacité moyenne de 14 MWh — porté par Akuo à Saint-Paul
• un stockage de 6 MW — pour une capacité moyenne de 11 MWh — porté par CorexSolar sur la commune de Saint-Leu
Les porteurs de projet ont jusqu’au 15 mars 2025 pour signer leur contrat. Les projets seront mis en service entre 2025 et 2027.
En parallèle, des projets de stockage par station de transfert d’énergie par pompage, les fameuses STEP, ont vu le jour. Mais avant que la CRE ouvre son prochain guichet — qui pourrait être également ouvert à de nouveaux projets de stockage par batterie —, il faudra patienter jusqu’en 2027. De quoi laisser l’occasion à ces projets plutôt au stade des études préliminaires, de se confirmer.
Texte Nathalie MAYER
Photos Pierre Marchal